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Après s'être interrogé sur le "28" du nom de ce blog dans un précédent article, "Numéro 28", intéressons-nous à présent à la partie "rue Affre" et plus particulièrement à son nom. Profitons aussi de l'occasion pour porter notre attention sur les rues de la Goutte d'Or et l'origine de leur nom (nous aborderons leur histoire générale dans un autre article à venir).
Les noms des voies de la Goutte d'Or ont quelque peu évolué au fil du temps, notamment après l'annexion des communes des faubourgs à Paris. En effet, sous l'impulsion du baron Haussman, la commune de la Chapelle a été intégrée à Paris en 1860, formant avec la commune de Montmartre le 18e arrondissement. Une grande campagne de mise à plat des dénominations et des numérotations des rues est entreprise en 1863 et 1864. Il fallu alors procéder à un grand nombre de suppression de doublons pour rendre intelligible la nomenclature des voies parisiennes. C'est ainsi que la rue d'Alger à la Chapelle est devenue la rue Affre à Paris (Déc. du 24 août 1864).
"Sublime dévouement du pieux Archevêque de Paris (23 juin 1848)"
(Cliquer sur les images pour agrandir)
Les noms de voies sont attribués généralement selon des repères topographiques. La proximité d'un édifice religieux contraint à des noms en rapport, comme les rues Saint-Bruno, Saint-Jérôme, Saint-Luc, Saint-Matthieu et Pierre l'Ermite autours de l'Église Saint-Bernard. La rue d'Alger de l'ancienne commune de la Chapelle (percée vers 1840, entrée dans le giron municipal et baptisée en 1850) devant être renommée pour éviter la confusion avec la rue d'Alger dans le 1er arrondissement, c'est donc le nom d'un prélat parisien, monseigneur Affre, qui est choisi. Denis (ou Denys) Auguste Affre (1793-1848), était un archevêque de Paris blessé mortellement par une balle perdue sur les barricades le 26 juin 1848 en tenant une médiation entre les belligérants. On a voulu célébrer ainsi la mémoire de cet homme dont la mort marqua fortement les esprits de ses contemporains.
Carte 1: le futur quartier de la Goutte d'Or en 1814
Pour les autres rues, la proximité avec la Gare du Nord, les voies de chemin de fer et les ateliers ferroviaires a contribué à donner des noms d'industriels et d'ingénieurs, comme pour les rues Polonceau ou Stephenson. D'autres noms sont dus à d'anciens lieu-dits, comme les rues de la Goutte d'Or, des Islettes ou de la Charbonnière. Des voies peuvent porter le nom de riverains, comme pour la rue Boris Vian, la rue Maxime Lisbonne ou le square Alain Bashung. Le quartier de la Goutte d'Or concentre quelques noms de rue faisant référence à des villes algériennes, comme la rue Laghouat (ex rue Mazagran) ou la rue d'Oran. Cela est dû à la conquête coloniale contemporaine du percement de ces voies, alors sises dans la commune de la Chapelle (jusqu'en 1860). Avant l'annexion de cette dernière, on pouvait flâner aussi dans les rues d'Alger (rue Affre) et de Constantine (rue Myrha). Bien qu'ouverte postérieurement, la rue de Tombouctou a été nommée ainsi selon cette même référence coloniale. Les voies secondaires (cité, villa ou passage) sont souvent nommées comme l'artère principale les jouxtant, comme la cité Marcadet.
Carte 2: le quartier de la Goutte d'Or, après annexion à Paris en 1866
La dénomination des voies portant des noms de personne obéissent à certaines règles et à certaines exceptions. La norme parisienne veut que l'on ne retienne que le nom de famille sans titre ni prénom, comme pour la rue Affre (Monseigneur Denis Auguste Affre). On adjoint le prénom pour éviter une homonymie, comme la rue jean-François Lépine (à distinguer de la place Louis Lépine dans le 4e). Les artistes conservent leur prénom s'il faisait partie de leur nom de scène, comme pour la rue Boris Vian. Lorsque l'on rencontre des prénoms seuls, comme les rues Ernestine ou Léon, il s'agit en général de voies ouvertes sur des terrains privés et ensuite classées dans le domaine public. On ne garde pas la particule, comme la rue Doudeauville (M. de la Rochefoucauld-Doudeauville); par contre, un nom à particule commençant par un voyelle garde celle-ci. La rue de Jessaint est une entorse à cette règle, bien que commençant par une consonne, la particule est tout de même conservée. Les saints gardent leur distinction canonique, comme la rue Saint-Luc, sauf s'ils sont restés dans la postérité sous un nom particulier, comme pour la rue Pierre l'Ermite.
Carte 3: le quartier de la Goutte d'Or en 2012 (Michelin)
Dans le tableau ci-dessous, sont résumées les principales informations sur les voies de la Goutte d'Or. Pour rappel, la Goutte d'Or fût jusqu'au début du XIXe siècle un hameau du village de la Chapelle, situé dans le quadrilatère formé actuellement par les boulevard Barbès et de la la Chapelle et les rues des Islettes et de la Goutte d'Or (voir carte 1). Ensuite et jusqu'à l'annexion de des faubourgs en 1860, c'est un quartier en expansion de la Chapelle. Et enfin depuis 1860, la Goutte d'Or est le 71e quartier administratif de Paris (voir carte 4 ci-dessous), dont les limites sont marquées à l'ouest par le début du boulevard Barbès et la rue des Poissonniers, au sud par le boulevard de la Chapelle, à l'est par la rue Marx Dormoy et de la Chapelle et au nord par le périphérique et la commune de Saint Denis.
Carte 4 : les quartiers administratifs du 18e arrondissement de Paris
Nous limitons ici artificiellement ses contours à un territoire plus restreint que la découpe administrative afin de correspondre à l'acception qu'en ont ses habitants, en ramenant sa frontières nord à la rue Ordener et à l'est par les voies de chemin de fer du Nord. Remarquons que ce découpage correspond peu ou prou aux limites en vigueur lorsque la Goutte d'Or était encore un quartier de la Chapelle, jusqu'en 1860 (voir cartes 2 et 3). Notons que ce que l'on appelle couramment aujourd'hui le quartier Barbès n'est qu'un usage informel récent pour dénommer les abords immédiats de la station de métro Barbès-Rochechouart, ce territoire à cheval sur les 9e, 10e et 18e arrondissements n'est pas à proprement parler un quartier. C'est donc abusivement que souvent on entend parler du quartier Barbès plutôt que du quartier de la Goutte d'Or.
Nota : une grande partie des informations proviennent de la base de données mise à disposition sur le site de la ville de Paris. La nomenclature affichée fournit des renseignements utiles, toutefois on peut regretter quelques imprécisions et manques, voir quelques erreurs ainsi qu'une mise à jour qui se fait attendre. De plus l'histoire même du quartier, né de lotissements spéculatifs privés au début du XIXe siècle, rend difficile la datation exacte du percement des voies, contrairement aux voies d'initiative publique dûment documentées.
Dénomination
et origine
Ancienne
dénomination
Situation
Date de
percement
Commentaire Rue Affre
Denis Auguste Affre (1793-1848), archevêque de Paris blessé mortellement sur les barricades le 26 juin 1848
rue d'Alger depuis 1850 jusqu'en 1864 (ancienne commune de la Chapelle)
Commence au 18 rue Jessaint et finit au 7 rue Myrha
vers 1840 "par madame veuve Desforges"
Devient un voie publique par une délibération municipale de La Chapelle Saint-Denis du 19 mai 1850
Square Alain Bashung
Alain Bashung (1947-2009), le chanteur ayant vécu Villa Poissonnière, très impliqué dans la vie associative du quartier
16 rue de Jessaint
2012
Place de l'Assommoir
Référence au roman (et au café) éponyme de Zola qui se déroule dans le quartier
9 Rue des Islettes
1995
Boulevard Barbès
Armand Barbès (1809-1870), homme politique, farouche opposant à la Monarchie de Juillet
Ancienne partie du boulevard Ornano jusqu'en 1882
Commence au 126 boulevard de la Chapelle et finit au 75 rue Ordener
1863
Son percement a absorbé une partie de la rue des Poissonniers et la rue Lévisse
Rue Boris Vian
Boris Vian (1920-1959) ayant vécu dans le 18e arrondissement
Commence au 18 rue de Chartres et finit au 7 rue Polonceau
1992
Cette rue piétonne se constitue principalement de deux volées d'escaliers
Rue Caplat
Nom du propriétaire du terrain
Commence au 32 rue de la Charbonnière et finit au 33 rue de Chartres/47 rue de la Goutte d'Or
vers 1840
Une des seules rues du quartier qui a conservé la totalité des constructions d'origine
Rue Cavé
François Cavé (1794-1875) industriel (locomotives), dont les ateliers se trouvaient dans cette rue
Commence au 23 rue Stephenson et finit au 28 rue des Gardes
vers 1840
Devient un voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1841 (Ordonnance royale du 14 mai 1841)
Il est à noter que, contrairement à la coutume, François Cavé, à l'initiative du percement de la voie, a connu une rue à son nom de son vivant.
Boulevard de la Chapelle
Ancien village de la Chapelle
A l'extérieur de l'ancien mur d'octroi : boulevard des Vertus, entre les rues d'Aubervilliers et Marx Dormoy ; boulevard de la Chapelle, pour le surplus. A l'intérieur de l'ancien mur d'octroi : chemin de ronde Saint-Denis, entre la rue du Faubourg Saint-Denis et la place de la Barrière Poissonnière, qui était située au débouché de la rue du Faubourg Poissonnière ; place de la Barrière Poissonnière. L'ancien boulevard de la Chapelle s'était appelé boulevard des Anges (?) entre les rues Marx Dormoy et de la Charbonnière. Précédemment boulevard Saint-Ange entre les rues de la Chapelle et de la Charbonnière.
Commence 43 rue du Château Landon/2 rue d'Aubervillier et finit au 2 boulevard Barbès/170 boulevard Magenta
1789
Sous sa forme initiale, le boulevard de la Chapelle longeait à l'extérieur le mur de l'octroi (qui se situait approximativement sur l'actuelle ligne d'arbres au Sud du boulevard). Après l'annexion des communes limitrophe en 1860, le mur qui entourait l'ancien Paris a été détruit et les chemins de ronde intégrés aux boulevards adjacents.
Rue de la Charbonnière
Commence au 23 rue Jessaint/1 rue de la Goutte d'Or et finit au 100 boulevard de la Chapelle
vers 1820
Elle forme une croix de saint André avec la rue de Chartres
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1842 (Ordonnance royale du 11 septembre 1842)
Rue de Chartres
Duc de Chartres, fils de Louis-Philippe, né en 1840
Commence au 58 Boulevard de la Chapelle et finit au 10 rue Caplat/45 rue de la Goutte d'Or
vers 1820
Elle forme une croix de saint André avec la rue de de la Charbonnière
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1842 (Ordonnance royale du 11 septembre 1842)
Passage Doudeauville
Proximité de la rue Doudeauville
Commençait au rue Doudeauville et finissait au 3 rue Marcadet
1856 (voie privée)
1911 (voie publique)
scindé en 1896 et débaptisé en 1931
Il fut divisé en deux parties renomées rue Fancis Carco (de de la rue Doudeauville à Stephenson) et Émile Duployé (de la rue Stephenson à la rue Marcadet)
Rue Doudeauville
M. de la Rochefoucauld-Doudeauville (1765-1841), sous-préfet de l'arrondissement de Saint-Denis
Commence au 59 rue Marx Dormoy et finit au 16 rue Custine/58 rue de Clignancourt
1826 (prolongée en 1847)
Rue Émile Duployé
Émile Duployé (1833-1912), abbé, auteur d'une méthode de sténographie
Passage Doudeauville (jusqu'en 1931)
Commence au 53 rue Stephenson et finit au 3 rue Marcadet
1856 (voie privée)
1911 (voie publique)
Elle formait le passage Doudeauville avec l'actuelle rue Francis Carco avant le prolongement de la rue Stephenson
Rue Erckmann-Chatrian
Émile Erckmann (1822-1899) et Alexandre Chatrian (1826-1890), littérateurs
Passage Lecante, puis partie de la rue Richomme (jusqu'en 1904)
Commence au 32-36 rue Polonceau et finit au 9 rue Richomme
Rue Ernestine
Nom de la femme (ou la fille ?) du propriétaire du terrain
Commence au 44 rue Doudeauville et finit au 25 rue Ordenner
vers 1840
Son prolongement jusqu'au boulevard de la Chapelle a longtemps été projeté avant d'être abandonné
Rue Fleury
Nom du propriétaire du terrain (?)
Commence au 74 boulevard de la Chapelle et finit au 17 rue de la Charbonnière/13 rue de Chartres
vers 1820
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1842 (Ordonnance royale du 11 septembre 1842)
Rue Francis Carco
François Carcopino-Tusoli, dit Francis (1886-1958) écrivain français
Passage de la Goutte d'Or, de 1886 à 1971. Partie du passage Doudeauville de 1856 (ancienne commune de la Chapelle) à 1886 (avec la rue Emile Duployé)
Commence au 26 rue Doudeauville et finit au 66 rue Stephenson
1856 (Voie privée: passage Doudeauville)
1886 (Passage de la Goutte d'Or)
1911 (voie publique)
C'est dans cette rue qu'habita l'Ogresse de la Goutte d'Or (tueuse en série)
Rue des Gardes
Chemin des Gardes-Françaises
Rue Saint Charles dans la partie comprise entre la rue de la Goutte d'Or et la rue Polonceau jusqu'en 1868
Commence 26 rue de la Goutte d'Or et finit au 43 rue Myrha
avant 1840
Cette rue suit le tracé d'un chemin longeant les moulins de la Butte des cinq Moulins
Devient un voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1842 (Ordonnance royale du 11 septembre 1842)
Rue de la Goutte d'Or
Hameau de la Goutte d'Or
Chemin de traverse de celui des Poissonniers au faubourg de Gloire
Chemin neuf du Chemin des Poissonniers à la Chaussée Saint-Denis
Chemin du hameau de la Goutte d'Or
Commence au 2 rue de la Charbonnière/1 rue Polonceau et finit au 22 boulevard Barbès
vers 1730 et 1839 pour le tracé et la dénomination actuelle
Une des plus anciennes rues du quartier avec la rue des Poissonniers, elle a été amputée de sa première partie, devenue la rue de Jessaint
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1842 (Ordonnance royale du 11 septembre 1842)
Rue des Islettes
Ancien lieu-dit
Rue Neuve de la Goutte d'Or jusqu'en 1877
Commence au 112 boulevard de la Chapelle et finit au 57 rue de la Goutte d'Or
1839
Rue Jean-François Lépine
Jean-François Lépine (1811-1868), bienfaiteur de l'ancienne commune de La Chapelle
Commence au 21 rue Marx Dormoy et finit au 12 rue Stephenson
1892
Impasse de Jessaint
Proximité de la rue de Jessaint
Rue de l'Isly (ancienne commune de la Chapelle)
Impasse de l'Isly
Commençait au droit du 2 rue de Jessaint (voir plus haut "impasse de l'Isly" sur la carte 2)
Cette voie a disparu en XXXX afin de permettre l'élargissement des voies de chemin de fer de la gare du Nord
Place de Jessaint
Proximité de la rue de Jessaint
Était située entre le boulevard de la Chapelle, le début de la rue de Jessaint et les voies de chemin de fer du Nord
vers 1830
D'abord réunie à la place de la Chapelle en 1877, cette petite place a disparue en XXXX afin de permettre l'élargissement des voies de chemin de fer de la gare du Nord
Rue de Jessaint
Le baron de Jessaint, sous-préfet de l'arrondissement de Saint-Denis en 1830
(voir rue de la Goutte d'Or)
Commençait à ce qui correspond aujourd'hui au début de la rue Pajol, les huit premiers numéros ont été supprimés en 1860 lors de la création de la place de la Chapelle
Commence au 30 place de la Chapelle et finit au 1 rue de la Charbonnière/2 rue Pierre l'Ermite
1824
1829 dans sa configuration actuelle
Cette rue était initialement la première partie de la rue de la Goutte d'Or
Rue de Laghouat
Ville d'Algérie, campagne coloniale d'Algérie
Rue de Mazagran (ancienne commune de la Chapelle) jusqu'en 1864
Commence au 37 rue Stephenson et finit au 18 rue Léon
vers 1840
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1841 (Ordonnance royale du 14 mai 1841)
Passage Léon
Proximité de la rue Léon
Passage Fauvet (Nom d'un moulin, ancienne commune de la Chapelle)
Commence au 3 rue Saint-Luc et finit au 15 rue Saint-Luc
visible sur des cartes du 18e siècle
déclassé en 1991
Ancien chemin de desserte du moulin Fauvet, aujourd'hui allée du square Léon
Rue Léon
Nom du propriétaire du terrain
Commence au 34 rue Cavé et finit au 33 rue Ordener
vers 1840 (de la rue Cavé à la rue Doudeauville)
1863 (de la rue Doudeauville à la rue d'Oran)
1909 de la rue d'Oran à la rue Marcadet
1925 de la rue Marcadet à la rue Ordener
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1841 (Ordonnances royales du 14 mai 1841 et du 30 juillet 1841)
Square Léon
Passage Léon
Passage Fauvet (ancienne commune de la Chapelle)
Passage Léon
"La démole" (terrain vague surnommé ainsi dans les années 1970)
20 rue des Gardes
Le square Léon se situe sur l'ancien terrain du moulin Fauvet
Place Louis Baillot
Louis Baillot (1924-2007) député de la 27e circonscription de Paris, député européen et conseiller de Paris
Cette place est un tiangle formé par le croisement des rues Ernestine, Marcadet et Ordener
2012
Cité Marcadet
Proximité rue Marcadet
Cité Sainte Anne jusqu'en 1877
Commençait 25 rue Marcadet
Cette voie a disparu avec le percement de la section de la rue Léon entre la rue d'Oran et la rue Marcadet en 1909
Rue Marcadet
La Mercade ou la Marcadé, ancien lieu-dit
Chemin des Boeufs
Commence au 1 rue Ordener/65 rue Stephenson et finit au 86 avenue de Saint Ouen/233 rue Championnet
Le chemin des Boeufs est indiqué en partie sur le plan de Jouvin de Rochefort en 1672
Jusqu'en 1867, elle commençait rue de la Chapelle, avant d'être absorbée en partie par le percement de la rue Ordener
Rue Maxime Lisbonne
Maxime Lisbonne (1839-1905) Communard, ancien directeur du théâtre des Bouffes du Nord
Commence au 8 rue Émile Duployé et finit au 6 rue Ernestine
2013
Cette rue piétonne est la dernière née des voies du quartier
Rue Myrha
Nom de la fille du de Biron, maire de Montmartre (non vérifié
Rue de Constantine pour la partie entre la rue Stephenson et la rue des Poissonniers (ancienne commune de la Chapelle) jusqu'en 1868 et rue Frédéric pour la partie entre la rue des Poissonniers et les rues Christiani/Poulet (ancienne commune de Montmartre)
Commence au rue Stephenson et finit au 14 rue Christiani/2 rue Poulet
vers 1840
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1841 (Ordonnances royales du 14 mai 1841 et du 30 juillet 1841)
Impasse d'Oran
Proximité de la rue d'Oran
Impasse du Cimetière (proximité du cimetière de la Chapelle)
actuellement partie de la rue Pierre Budin
Commençait au 54 rue des Poissonniers
Cette voie a été absorbée par le percement de la rue Pierre Budin
Rue d'Oran
Ville d'Algérie, campagne coloniale d'Algérie
Commence au 3 rue Ernestine et finit au 46 bis rue des Poissonniers
vers 1840
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1842 (Ordonnance royale du 11 septembre 1842)
Rue Ordener
Michel Ordener (1755-1811) et Michel Ordener, son fils (1787-1862), généraux de division français
Commence au 73 rue Marx Dormoy/1 rue de la Chapelle et finit au 191 rue Championnet
1867
Son percement a absorbé le début de la rue Marcadet
Rue de Panama
Canal de panama
Commence au 15 rue et finit au 32 rue des Poissonniers
1884
Cette voie forme un Y avec sa "jumelle", la rue de Suez
Rue Pierre Budin
Pierre Budin (1846-1907), professeur agrégé à la Faculté de Médecine et membre de l'Académie de Médecine
Impasse du Cimetière, puis impasse d'Oran (en partie)
Commence au 49 rue Léon et finit au 54 rue des Poissonniers
1906
Cette rue est tracée sur l'ancien cimetière Marcadet et a abordé l'impasse d'Oran lors de son percement
Rue Pierre l'Ermite
Pierre l'Ermite (1050-1115), prédicateur de la première croisade
Rue Ernestine prolongée jusqu'en 1874
Commence au 2 rue Polonceau/26 rue de Jessaint et finit au 9 rue Saint Bruno
1868
Son percement fait partie du projet de prolongement de la rue Ernestine (avec la rue Saint Jérôme), projet abandonné depuis
Villa Poissonnière
Proximité de l'ancienne barrière Poissonnière
Villa Dupuy (nom du propriétaire du terrain)
Commence au 42 rue de la Goutte d'Or et finit au 41 rue Polonceau
1841
Voie privée qui a presque conservé son aspect d'origine
Rue des Poissonniers
Ancienne voie d'acheminement de la marée à Paris
Chemin des Poissonniers
Chemin de Saint Denis ("Chemin menant à La Franciade" pendant la Révolution)
Commence 26 boulevard Barbès et finit au 1 rue Belliard/boulevard Ney
Certainement chemin d'origine gauloise
Ancien chemin emprunté par les chargements de poissons venant de la Manche vers Paris, avant le chemin de fer. Elle marquait la frontière entre les communes de Montmartre et la Chapelle jusqu'en 1860
Rue Polonceau
Antoine Rémi Polonceau (1778-1847), et son fils, Jean Barthélemy Camille (1813-1859), ingénieurs
Chemin pour le service des moulins
Chemin des Cinq Moulins
Rue des Cinq Moulins
Chemin des Couronnes
Rue des Couronnes, jusqu'en 1864 (ancienne commune de la Chapelle)
Commence au 2 rue de la Goutte d'Or/1 rue Pierre l'Ermite et finit au 8 rue des poissonniers
Cette voie était le chemin de desserte des cinq moulins de la Butte des Couronnes
Devient une voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1824
Rue Richomme
Joseph Théodore Richomme (1785-1849), graveur
Passage Lecante jusqu'en 1864
Commence 25 rue des Gardes et finit au 10 rue des Poissonniers
1843
Un arrêté préfectoral du 11 mai 1904 a donné le nom d'Erckmann-Chatrian à un tronçon de la rue Richomme qui débouchait rue Polonceau
Place Saint-Ange
Ancien hameau Saint Ange (nom de l'ancien propriétaire du terrain)
Croisement des rues de la Charbonnière et de Chartres
Vers 1830
Supprimée en 1877
Une partie du boulevard de la Chapelle porta le nom de Boulevard Saint-Ange. Le pont surplombant les voies de chemins de fer du Nord porte encore le nom Pont Saint-Ange
Square Saint-Bernard - Saïd Bouziri
Église Saint-Bernard et (depuis 2012) Saïd Bouziri (1947-2009) militant des droits de l'homme tunisien qui a vécu dans le quartier de 1970 à 2009
Square Saint-Bernard
Place de l'église
Place Stephenson
16 rue Affre
1891
Rue Saint-Bruno
Saint-Bruno (XIe siècle), fondateur de l'ordre des Chartreux
Rue de Valence (partie entre la rue Stephenson et rue Affre)
Commence au 13 rue Stephenson et finit au 6 rue Saint-Luc
1850 entre les rues Stephenson et Affre
1858 entre les rues Affre et Saint-Luc (alors partie de la place de l'église)
Au n°9 se trouve la salle Saint-Bruno. Cette ancienne chapelle de catéchisme est aujourd'hui un lieu de rencontre associatif central dans le quartier
Rue Saint-Charles
Commençait au 26 rue de la Goutte d'Or et finissait au 21 rue Polonceau
Déclassée en 1868
La rue Saint-Charles a été adjointe à la rue des Gardes en 1868
Rue Saint-Jérôme
Saint-Jérôme (346-420), père de l'Eglise
Initialement, partie de la rue Ernestine
Commence au 8 rue Saint-Matthieu et finit au 11 rue Cavé
1868
Son percement fait partie du projet de prolongement de la rue Ernestine (avec la rue Pierre l'Ermite), projet abandonné depuis)
Rue Saint-Luc
Saint-Luc, évangéliste
Place de l'église
Commence au 10 rue Polonceau et finit au 21-25 rue Cavé
1858 entre les rues Saint-Bruno et Saint-Mathieu
Rue Saint-Matthieu
Saint-Matthieu, évangéliste
Place de l'église
Commence au 21 rue Stephenson et finit au 8 rue Saint-Luc
1858
Place Stephenson
Proximité rue Stephenson
Place de l'église
16 rue Affre
Cette place a disparu avec la construction du Square Saint-Bernard
Passage Stephenson Proximité rue Stephenson
Commençait Boulevard de la Chapelle et finissait rue de Jessaint dans le prolongement de la rue Stephenson
Ce passage a disparu avec l'élargissement des voies de chemin de fer du Nord
Rue Stephenson
George Stephenson (1781-1848), ingénieur anglais, construisit la première locomotive ; voisinage des ateliers du chemin de fer
Chemin des Cinq Moulins
Rue des Cinq Moulins (entre les rues de Jessaint et Doudeauville)
Commence au 12 rue de Jessaint et finit au 1 rue Marcadet /21 bis rue Ordener
18XX (de la rue Saint-Matthieu à la rue Doudeauville)
1859 (de la rue de Jessaint à la rue Saint-Matthieu)
1863 (de la rue Doudeauville à la rue Émile Duployé)
1892 (de la rue Emile Duployé et la rue Ordener)
Devient un voie publique de La Chapelle Saint-Denis en 1841 (Ordonnance royale du 14 mai 1841)
Rue de Suez
Canal de Suez
Commence au 1 rue de Panama et finit au 24 rue des Poissonniers
1884
Cette rue forme un Y avec la rue de Panama
Rue de Tombouctou
Ville de l'ancien Soudan français, aujourd'hui Mali (campagne d'Afrique)
Rue Eugène Pottier
Commence au 52 boulevard de la Chapelle et finit au 11 rue Jessaint
1896
Cette rue a été percée initialement pour prolonger la rue Stephenson
Rue de Valence
Commençait au 13 rue Stephenson (alors rue des Cinq Moulins) et finissait au 14 rue Affre
1850
Cette rue a été absorbée par le percement de la rue Saint-Bruno
8 commentaires -
À l'occasion de son cinquantième anniversaire, l'association Sauvegarde et Mise en valeur du Paris Historique s'associe à l'association Cavé Goutte d'Or pour organiser une visite-conférence du patrimoine historique de la Chapelle et de la Goutte d'Or. En qualité d'amateur passionné de l'histoire de la Goutte d'Or, l'auteur de ce blog est honoré d'être le conférencier qui guidera cette visite.
Cette visite-conférence, "La Chapelle-Goutte d'Or, découverte du patrimoine méconnu historique et multiculturel du nord de Paris", propose de sillonner à travers les rues de l'ancien village de la Chapelle et de son hameau la Goutte d'or pour découvrir l'histoire de cette commune annexée en 1860 à Paris qui forme aujourd'hui le 18e arrondissement de Paris avec Montmartre. Histoire des habitants et des activités, évolutions urbaines, architecture rurale, industrielle et faubourienne, mais également les transformations urbaines récentes seront au menu de cette promenade.
Le rendez-vous est fixé à 16h à la sortie du métro Marx Dormoy le vendredi 11 octobre 2013 (durée: deux heures).
Visite gratuite. Parcours et renseignements : Cavé Goutte d’Or.
JRB
A la suite de cette visite et toujours dans le cadre de son cinquantenaire, Sauvegarde et Mise en valeur du Paris Historique organise également un rallye ouvert à tou-te-s, Samedi 12 et Dimanche 13 octobre 2013. Rallyes : un circuit à travers la Goutte d'Or est proposé dans le cadre des 50 ans de Paris historique.
(infos et bulletin d'inscription : http://www.paris-historique.org/?p=149)
1 commentaire -
Ce blog se nommant "28 rue Affre", il convient de parler du numéro 28, et plus particulièrement de la plaque qui porte ces chiffres au dessus de la porte d'entrée.
Porte du 28 rue Affre
Coté pair, en fin de rue
Rappelons d'abord pourquoi cet immeuble est situé précisément au numéro 28 de la rue Affre. Le système actuel qui organise la numérotation des voies de Paris (et précédemment du département de la Seine) date de 1805, les tentatives précédentes s'étant révélées inopérantes. Un décret établi alors que les numéros seraient continus tout au long d'un voie et que les numéros pairs se suivent du coté droit. Le début de la rue est déterminé par l'orientation de la voie par rapport à la Seine. Si la rue est perpendiculaire au fleuve, alors c'est le point le plus proche de la rive qui marque le début. Et si la rue est parallèle à la Seine, alors c'est le point le plus en amont qui détermine le commencement de la rue. La rue Affre étant perpendiculaire à la Seine, c'est donc logiquement que la numérotation des immeubles commence du coté de la rue Jessaint au Sud (coté Seine) et se termine rue Myrha.
Extraits du décret du 4 février 1805 :
Article 2. Ce numérotage sera établi par une même suite de numéros pour la même rue, lors même qu'elle dépendrait de plusieurs arrondissements communaux, et par un seul numéro qui sera placé sur la porte principale de l'habitation.
Article 4. La série des numéros sera formée des nombres pairs pour le côté droit de la rue, et des nombres impairs pour le côté gauche.
Article 5. Le côté droit sera déterminé, dans les rues perpendiculaires ou obliques au cours de la Seine, par la droite du passant se dirigeant vers la rivière, et dans le sens du cours de la rivière.
Article 7. Le premier numéro de la série, soit pair, soit impair, commencera, dans les rues perpendiculaires ou obliques, au cours de la Seine, à l'entrée de la rue prise au point le plus rapproché de la rivière, et, dans les rues parallèles, à l'entrée prise en remontant le cours de la rivière; de manière que, dans les premières, les nombres croissent en s'éloignant de la rivière, et dans les secondes, en la descendant."Pour revenir à la plaque du 28, il s'agit d'une plaque en céramique émaillée avec les chiffres blancs sur fond bleu d'azur. Ce modèle en céramique date de 1847. C'est en application d'un arrêté du préfet Rambuteau (28 juin 1847) qui réorganise le numérotage des immeubles que ces plaques en céramiques et leur couleur furent adoptées. Il est donc vraisemblable de penser que celle du 28 soit celle d'origine. D'ailleurs, bon nombre des immeubles du quartier de la Goutte d'or ont la façade ornée de ces plaques.
Plaque en céramique émaillée du 28 rue Affre
Mais la Goutte d'or, comme le reste de Paris, possède aussi de nombreux exemplaires de numéros d'immeuble en dehors des normes municipales. L'arrêté préfectoral du 17 mars 1939 impose l'usage de plaques en métal émaillé et rappelle l'obligation des chiffres blancs sur fond bleu d'azur ; l'arrêté municipal du 27 septembre 1982, quant à lui, impose un second emplacement vers la sonnette en plus du numéro placé sur le chambranle de la porte. Mais la Ville de Paris est très tolérante sur les pratiques diverses d'apposer les numéros d'immeubles.
Du 2 au 72
On trouve aussi un cas particulier au 72 rue Myrha. En évidence sur le chambranle de la porte, la plaque en céramique se détache sur la pierre claire. Mais en regardant de plus près, juste sous le 72, un 2 taillé dans la pierre se lit clairement. Cette juxtaposition, rare, de deux numéros n'est pas due à une erreur du sculpteur, mais à l'évolution des noms de rue et à l'histoire du quartier.
72 rue Myrha (ex 2 rue Myrha)
En effet, la portion de rue qui va de la rue Stephenson à l'intersection avec la rue des Poissonniers n'a pas toujours appartenu à la rue Myrha. Cette rue, qui faisait alors partie de la commune de la Chapelle Saint Denis, est nommée rue de Constantine (la portion située entre la rue Léon et la rue des Poissonniers est ouverte en 1841). La rue des Poissonniers marquait la frontière entre les communes de Montmartre et de la Chapelle Saint Denis. La rue Myrha, ouverte en 1847 (d'abord appelée rue Frédéric), commençait rue des Poissonniers pour finir rue de Clignancourt, elle était alors une voie de la commune de Montmartre (Myrha aurait été le prénom de la fille du maire de Montmartre, Biron). La rue de Constantine a été intégrée à la rue Myrha en 1868, après l'annexion en 1860 des communes de la Chapelle Saint Denis et de Montmartre à Paris. Le 72 rue Myrha était donc le 2 rue Myrha (ou rue Frédéric) à Montmartre lors de sa construction.
La Goutte d'or fait son numéro
Faisons donc un petit tour d'horizon des numéros d'immeuble de la Goutte d'or. Nous y rencontrons plusieurs manière d'indiquer le numéro d'un bâtiment. Ainsi, nous trouvons les cas de figures suivants :
- des plaques en céramique émaillée, comme celle du 28 rue Affre, plus ou moins bien intégrées au décor de façade.
10 rue Caplat. Plaque en céramique émaillée qui refuse sa place allouée sur le chambranle de la porte.
4 rue des Poissonniers. Plaque en céramique émaillée dans son encadrement et surmontée d'une plaque en métal émaillé "Gaz à tous les étages".
- un cas de numéro peint à même le chambranle de la porte
4 boulevard Barbes. Numéro peint.
- des numéros taillés à même la pierre, et dans certains cas rehaussés de couleurs
7 rue Caplat 31 rue de Chartres
4 rue Ernestine 11 rue Saint Luc
37 rue Stephenson
- des numéros au style plus libre
22-24 rue Myrha
20 rue Léon (1934)
- un numéro chichement tracé à la craie sur la porte d'entrée
14 rue Lagouhat
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Au pied de l'immeuble du 28 rue Affre se situent deux locaux commerciaux. Celui à droite de la porte d'entrée, un ancien café, est actuellement inoccupé ; celui à gauche est occupé par un atelier de couture.
Le local vide, qui a été "visité" nuitamment la semaine dernière, présente une façade nue peinte en marron et fermée par une grille. L'atelier de couture a une devanture très sobre avec des menuiseries en aluminium. Tous deux ont perdu leurs décors d'origine, seule une trace d'une ancienne devanture en bois subsiste en haut à gauche de l'atelier de couture ainsi que le bandeau supérieur qui souligne les fenêtres du premier étage.
Boutiques actuelles au 28 rue Affre (mai 2013)
(Cliquer sur les images pour agrandir)
Faute de description ou de documents iconographiques, on ne peut qu'imaginer à quoi ressemblaient ces devantures. Pour se faire, on peut s'aider des autres commerces alentours, mais la plupart de ces derniers ont eux aussi perdu leurs décors d'origine et cela pour plusieurs raisons.
La première raison de cette disparition est le changement d'activité du local. Il faut rappeler que le développement des grandes surfaces commerciales à partir des années 1960 et l'évolution du confort des logements ont participé à la disparition de nombreux commerces de détails ainsi que de bon nombre de restaurants et débits de boissons.
C'est le cas du café qui existait à coté du 28 rue Affre, à l'angle formé par l'immeuble du 24-26 rue Affre/8 rue Cavé. Comme on peut le voir sur les clichés ci-dessous, le marchand de vins Barthélemy figuré sur la carte postale a vu ses ouvertures réduites et a laissé place à un logement.
Angle des rues Affre et Cavé, 1910 env. (à gauche) et 2013 (à droite)
Autre cas de figure, le changement d'activité et les réfections d'immeuble, ce qui est certainement le cas du 28 rue Affre. L'exemple du local situé au pied de l'immeuble d'angle sis au 14 rue Affre/rue Saint Bruno (photos ci-dessous) est particulièrement parlant. La différence d'apparence est très marquée entre le marchand de vins "À l'ami Henri" vers 1905 et l'actuel local de stockage d'une société de vente de produits alimentaires en gros. Non seulement l'habillage en bois de la devanture du café a totalement disparu, mais certaines fenêtres de l'immeuble ont été murées, les moulures d'encadrement de fenêtre et les persiennes ont été supprimés et les gardes-corps remplacés. Au final, il est bien difficile de reconnaître le même immeuble à un siècle d'écart.
Angle des rues Affre et Saint Bruno, 1905 env. (à gauche) et 2013 (à droite)
Dernier cas, les changements de mode et les défauts d'entretien comme le commerce qui se situe au pied de l'immeuble d'angle du 21 rue Affre/9 rue Myrha. Cette ancienne boucherie est devenue aujourd'hui un restaurant sénégalais. En comparant les séries de clichés ci-dessous, nous pouvons distinguer sur une carte postale du début du XXe siècle un premier décor surmonté d'une frise en métal repoussé. En dessous, une photo prise en 1980 d'une devanture verte plutôt élégante, en la regardant plus en détails, on remarque qu'il ne s'agit pas du même décor que la précédente et que l'ensemble n'est pas dans un très bon état de conservation. Sur les photos de droite, on voit l'état actuel de ce local commercial qui a pour unique décor les coffrages qui renferment les volets métalliques de protection, l'ensemble venant de recevoir un coup de peinture de rafraichissement.
Angle des rues Affre et Myrha, 1900 env. (à gauche) et 2013 (à droite)
Angle des rues Affre et Myrha, 1980 (à gauche) et 2013 (à droite)
Mais en y regardant de plus près, du coté de la rue Myrha, on peut voir un dernier vestige de la frise de carrelage qui encadrait précédemment la porte et les vitrines, englué sous une multitude de couches de peinture.
Détail du décor restant au 21 rue Affre (avril 2013)
Ces quelques exemples sont assez représentatifs de l'état actuel de nombreuses devantures de commerce dans le quartier, bien que l'état général des commerces du quartier tend à s'améliorer ces dernières années. Cependant, il faut noter qu'il subsiste plusieurs devantures anciennes, certaines ayant pu bénéficier de réfections heureuses tandis que d'autres semblent plus en sursis. La fragilité de ces devantures en bois fait qu'elles sont peu nombreuses à traverser le temps ; et finalement, la Goutte d'Or, quartier longtemps ignoré des pouvoirs publiques et des promoteurs, compte un nombre non négligeable de ces marques du passé. Reste à connaître leur devenir.
11 rue d'Oran, mai 2013 (addendum 2017 : devanture disparue depuis)
Miroiterie Rigal Albertolli, 15 rue Cavé, mai 2013 (addendum 2017 : l'entreprise a fermé depuis, mais la devanture est conservée)
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L'immeuble du 28 rue Affre se trouve être actuellement, et provisoirement, le dernier immeuble de la rue coté pair, depuis la déconstruction du 30 et du 32 de la rue Affre. Les parcelles nues offrent un bien triste paysage, fait de gravats aplanis, avec en arrière plan les pignons bâchés des immeubles du 28 rue Affre et du 5 rue Myrha ainsi que l'arrière-cours lépreuse du 5 rue Myrha.
Derrière la parcelle du 30 rue Affre, le fond de cours du 5 rue Myrha
Au milieu de ces gravats, en ce début mai, une apparition inattendue et fugace : une morille vient de surgir. Cette étrange voisine, habituellement forestière, semble bien incongrue au cœur de la Goutte d'or. Pourtant, lorsque l'on s'intéresse un peu à Morchella esculenta (nom botanique de la morille), il n'est pas si étonnant de la voir pousser ici. En effet, ce champignon se plait à apparaître dans des terrains accidentés, des sols remués et sablonneux, ce qui correspond au remblai étalé sur la parcelle. Remblai qui contient donc du mycélium de Morchella esculenta.
Si cette morille semble bien appétissante, il faut savoir que les champignons se gorgent de tous les éléments présents dans le sol qui les accueille ; cela comprend tous les éléments toxiques et métaux lourds en présence. Il ne serait donc pas très prudent de vouloir la consommer.
Une squatteuse au 30 rue Affre
Ce petit élément de nature semble souhaiter la bienvenue à ses nouveaux voisins. En effet, cinq arbres d'alignement viennent d'être plantés dans la rue Affre coté impair entre la rue Cavé et la rue Saint Matthieu (le long de l'école élémentaire Cavé), remédiant modestement au caractère très minéral du quartier. Ces plantations viennent parachever les travaux de réfection de la portion de la rue Affre comprise entre la rue saint Matthieu et la rue Myrha.
Plantations, le 7 mai 2013
Végétalisation des trottoirs de la rue Affre
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G M Bessède - Période attestée de présence dans l'immeuble: du 27/01/1912 au 27/05/1913
"Défendez vos fils contre tous les risques sexuels"
"Défendez vos fils contre tous les risques sexuels", voilà l'impératif conseil d'un certain B., 28 rue Affre, que l'on trouve dans le quotidien La Lanterne du 27 janvier 1912. L'annonce précise que l'on peut obtenir une notice pour 10 centimes franco de port.
Extrait du journal La Lanterne, édition du 27 janvier 1912
Derrière ce B. énigmatique se cache un certain G.M. Bessède (nous n'avons pas identifié les initiales G.M.) et son annonce concerne un de ses ouvrages consacrés à l'initiation sexuelle. Bessède est l'auteur de plusieurs ouvrages de conseils sur la sexualité, littérature à la diffusion discrète s'il en est, mais néanmoins très à la mode à l'époque. En l'occurrence, il s'agit de l'Initiation sexuelle ; entretiens avec nos enfants de trois à vingt ans, préfacé par le docteur L. Bresselle.
Extrait du journal Le Combat, édition du 17 janvier 1914
Dans cet ouvrage, G.M. Bessède délivre sa conception de ce que devrait être la "bonne" sexualité. Pour cela, l'auteur s'aide d'exemples imagés pris dans la "nature" (les abeilles, les oiseaux, les fleurs... de trottoirs). Paradoxalement, bien que s'appuyant sur la nature comme modèle, il décrit cette nature comme imparfaite et enjoint les humains à la dépasser. Ainsi, Bessède prescrit la continence et la chasteté, surtout pour les femmes, les hommes pouvant s'octroyer, avec la plus grande parcimonie, quelques plaisirs coupables avec des filles de rue tout en s'en méfiant car les prostituées sont présentées comme hautement amorales et porteuses de nombreuses maladies vénériennes. Une grande partie de l'ouvrage met également en garde contre l'épuisement moral et physique de la pratique masturbatoire chez les jeunes (pouvant conduire à l'homosexualité, selon l'auteur). Cette vision de la sexualité, aujourd'hui considérée comme désuète, était très moderne pour l'époque, prônant un dialogue ouvert entre parents et enfants et une morale sexuelle dépourvue de références religieuses.
Critique de "L'initiation sexuelles" dans la Revue Illustrée du 10 décembre 1911
L'annonce pour cet ouvrage parue dans la Revue de l'enseignement primaire et primaire supérieur du 9 juin 1912 précise que l'ouvrage est disponible à "la librairie Art et Science" au 28 rue Affre. En fait de librairie, il doit certainement s'agir du logement de Bessède, les deux locaux commerciaux existant au rez-de-chaussée de l'immeuble étant alors occupés par des commerces de bouche.
Extrait de la Revue de l'enseignement primaire et primaire supérieur, édition du 9 juin 1912
G.M. Bessède publia également une autre version de cet ouvrage sous le titre Ce que personne ne doit ignorer ; l'initiation sexuelle, ainsi qu'un autre livre intitulé Ce qu'il faut savoir ; Pour vivre à deux en 1916.
Extrait du journal Le Rire, édition du 4 mars 1916
Faites l'amour, pas la guerre
On ne sait pas à quel titre Bessède écrit ses ouvrages ni quelles sont ses compétences en matière de connaissance de la sexualité. Par contre, il s'avère que G.M. Bessède a des activités et des opinions politiques connues et que le pouvoir politique de l'époque réprouve fortement, il est anarchiste et militant antimilitariste. Cette activité qu'il mène sous le pseudo de Sylvaire lui vaudra d'être arrêté et son appartement du 28 rue Affre perquisitionné le 27 mai 1913 lors d'une grande opération nationale de police contre les organisations et les activistes prônant la désertion militaire. Les tenants de l'antimilitarisme sont alors considérés comme internationalistes et donc un danger pour la cohérence et la force de la Nation.
Extrait du journal Le Matin, édition du 27 mai 1913
Bessède écrit également dans le journal anarchiste Le Libertaire, mais seulement pour parler d'anarchisme pas de sexualité, et à ce titre il donne régulièrement des conférences à Paris et dans sa région. Ainsi, il fait une intervention intitulée "Fédéralisme révolutionnaire" le 19 novembre 1910 à Aubervilliers ; ou encore il intervient le 1er juillet 1911 à Pontoise (salle Frentz) avec comme thématique "Le fonctionnement du communisme libertaire modernisé".
"Maison du Libertaire", 9 rue Louis Blanc (Paris 10e), 1923
Le militantisme de Bessède/Sylvaire n'est pas dépaysé dans le quartier de la Goutte d'or. En effet, ce quartier ouvrier a une tradition syndicale et militante très ancrée et il n'est donc pas étonnant d'y trouver un activiste anarchiste. Ce qui est plus inhabituel est que ce militant soit doublé d'un prosateur "sexologue".
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