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Numéro 28

Ce blog se nommant "28 rue Affre", il convient de parler du numéro 28, et plus particulièrement de la plaque qui porte ces chiffres au dessus de la porte d'entrée.

 

Numéro 28

Porte du 28 rue Affre

 

Coté pair, en fin de rue

Rappelons d'abord pourquoi cet immeuble est situé précisément au numéro 28 de la rue Affre. Le système actuel qui organise la numérotation des voies de Paris (et précédemment du département de la Seine) date de 1805, les tentatives précédentes s'étant révélées inopérantes. Un décret établi alors que les numéros seraient continus tout au long d'un voie et que les numéros pairs se suivent du coté droit. Le début de la rue est déterminé par l'orientation de la voie par rapport à la Seine. Si la rue est perpendiculaire au fleuve, alors c'est le point le plus proche de la rive qui marque le début. Et si la rue est parallèle à la Seine, alors c'est le point le plus en amont qui détermine le commencement de la rue. La rue Affre étant perpendiculaire à la Seine, c'est donc logiquement que la numérotation des immeubles commence du coté de la rue Jessaint au Sud (coté Seine) et se termine rue Myrha.

 

Extraits du décret du 4 février 1805 : 

Article 2. Ce numérotage sera établi par une même suite de numéros pour la même rue, lors même qu'elle dépendrait de plusieurs arrondissements communaux, et par un seul numéro qui sera placé sur la porte principale de l'habitation.
Article 4. La série des numéros sera formée des nombres pairs pour le côté droit de la rue, et des nombres impairs pour le côté gauche.
Article 5. Le côté droit sera déterminé, dans les rues perpendiculaires ou obliques au cours de la Seine, par la droite du passant se dirigeant vers la rivière, et dans le sens du cours de la rivière.
Article 7. Le premier numéro de la série, soit pair, soit impair, commencera, dans les rues perpendiculaires ou obliques, au cours de la Seine, à l'entrée de la rue prise au point le plus rapproché de la rivière, et, dans les rues parallèles, à l'entrée prise en remontant le cours de la rivière; de manière que, dans les premières, les nombres croissent en s'éloignant de la rivière, et dans les secondes, en la descendant."

 

Pour revenir à la plaque du 28, il s'agit d'une plaque en céramique émaillée avec les chiffres blancs sur fond bleu d'azur. Ce modèle en céramique date de 1847. C'est en application d'un arrêté du préfet Rambuteau (28 juin 1847) qui réorganise le numérotage des immeubles que ces plaques en céramiques et leur couleur furent adoptées. Il est donc vraisemblable de penser que celle du 28 soit celle d'origine. D'ailleurs, bon nombre des immeubles du quartier de la Goutte d'or ont la façade ornée de ces plaques.

 

Numéro 28

Plaque en céramique émaillée du 28 rue Affre

 

Mais la Goutte d'or, comme le reste de Paris, possède aussi de nombreux exemplaires de numéros d'immeuble en dehors des normes municipales. L'arrêté préfectoral du 17 mars 1939 impose l'usage de plaques en métal émaillé et rappelle l'obligation des chiffres blancs sur fond bleu d'azur ; l'arrêté municipal du 27 septembre 1982, quant à lui, impose un second emplacement vers la sonnette en plus du numéro placé sur le chambranle de la porte. Mais la Ville de Paris est très tolérante sur les pratiques diverses d'apposer les numéros d'immeubles.

 

Du 2 au 72 

On trouve aussi un cas particulier au 72 rue Myrha. En évidence sur le chambranle de la porte, la plaque en céramique se détache sur la pierre claire. Mais en regardant de plus près, juste sous le 72, un 2 taillé dans la pierre se lit clairement. Cette juxtaposition, rare, de deux numéros n'est pas due à une erreur du sculpteur, mais à l'évolution des noms de rue et à l'histoire du quartier.

 

Numéro 28

72 rue Myrha (ex 2 rue Myrha)

 

En effet, la portion de rue qui va de la rue Stephenson à l'intersection avec la rue des Poissonniers n'a pas toujours appartenu à la rue Myrha. Cette rue, qui faisait alors partie de la commune de la Chapelle Saint Denis, est nommée rue de Constantine (la portion située entre la rue Léon et la rue des Poissonniers est ouverte en 1841). La rue des Poissonniers marquait la frontière entre les communes de Montmartre et de la Chapelle Saint Denis. La rue Myrha, ouverte en 1847 (d'abord appelée rue Frédéric), commençait rue des Poissonniers pour finir rue de Clignancourt, elle était alors une voie de la commune de Montmartre (Myrha aurait été le prénom de la fille du maire de Montmartre, Biron). La rue de Constantine a été intégrée à la rue Myrha en 1868, après l'annexion en 1860 des communes de la Chapelle Saint Denis et de Montmartre à Paris. Le 72 rue Myrha était donc le 2 rue Myrha (ou rue Frédéric) à Montmartre lors de sa construction.

 

La Goutte d'or fait son numéro

Faisons donc un petit tour d'horizon des numéros d'immeuble de la Goutte d'or. Nous y rencontrons plusieurs manière d'indiquer le numéro d'un bâtiment. Ainsi, nous trouvons les cas de figures suivants :

- des plaques en céramique émaillée, comme celle du 28 rue Affre, plus ou moins bien intégrées au décor de façade.

 

Numéro 28

10 rue Caplat. Plaque en céramique émaillée qui refuse sa place allouée sur le chambranle de la porte.

 

Numéro 28

4 rue des Poissonniers. Plaque en céramique émaillée dans son encadrement et surmontée d'une plaque en métal émaillé "Gaz à tous les étages".

 

- un cas de numéro peint à même le chambranle de la porte

 

Numéro 28

4 boulevard Barbes. Numéro peint.

 

- des numéros taillés à même la pierre, et dans certains cas rehaussés de couleurs

 

Numéro 28 Numéro 28

       7 rue Caplat                               31 rue de Chartres

Numéro 28 Numéro 28

4 rue Ernestine                              11 rue Saint Luc

Numéro 28

37 rue Stephenson

 

- des numéros au style plus libre

 

Numéro 28

22-24 rue Myrha

Numéro 28

20 rue Léon (1934)

 

- un numéro chichement tracé à la craie sur la porte d'entrée

 

Numéro 28

14 rue Lagouhat

 

 

 

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