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G.M. Bessède, anarchiste chaste

 G M Bessède - Période attestée de présence dans l'immeuble: du 27/01/1912 au 27/05/1913


 

 

"Défendez vos fils contre tous les risques sexuels"

 "Défendez vos fils contre tous les risques sexuels", voilà l'impératif conseil d'un certain B., 28 rue Affre, que l'on trouve dans le quotidien La Lanterne du 27 janvier 1912. L'annonce précise que l'on peut obtenir une notice pour 10 centimes franco de port.

 

G.M. Bessede, anarchiste et chaste

Extrait du journal La Lanterne, édition du 27 janvier 1912

 

Derrière ce B. énigmatique se cache un certain G.M. Bessède (nous n'avons pas identifié les initiales G.M.) et son annonce concerne un de ses ouvrages consacrés à l'initiation sexuelle. Bessède est l'auteur de plusieurs ouvrages de conseils sur la sexualité, littérature à la diffusion discrète s'il en est, mais néanmoins très à la mode à l'époque. En l'occurrence, il s'agit de l'Initiation sexuelle ; entretiens avec nos enfants de trois à vingt ans, préfacé par le docteur L. Bresselle.

 

G.M. Bessède, anarchiste et chaste

Extrait du journal Le Combat, édition du 17 janvier 1914

 

Dans  cet ouvrage, G.M. Bessède délivre sa conception de ce que devrait être la "bonne" sexualité. Pour cela, l'auteur s'aide d'exemples imagés pris dans la "nature" (les abeilles, les oiseaux, les fleurs... de trottoirs). Paradoxalement, bien que s'appuyant sur la nature comme modèle, il décrit cette nature comme imparfaite et enjoint les humains à la dépasser. Ainsi, Bessède prescrit  la continence et la chasteté, surtout pour les femmes, les hommes pouvant s'octroyer, avec la plus grande parcimonie, quelques plaisirs coupables avec des filles de rue tout en s'en méfiant car les prostituées sont présentées comme hautement amorales et porteuses de nombreuses maladies vénériennes. Une grande partie de l'ouvrage met également en garde contre l'épuisement moral et physique de la pratique masturbatoire chez les jeunes (pouvant conduire à l'homosexualité, selon l'auteur). Cette vision de la sexualité, aujourd'hui considérée comme désuète, était très moderne pour l'époque, prônant un dialogue ouvert entre parents et enfants et une morale sexuelle dépourvue de références religieuses.

 

Revue Illustrée

 

Critique de "L'initiation sexuelles" dans la Revue Illustrée du 10 décembre 1911

 

G.M. Bessède, anarchiste et chaste

 

 

L'annonce pour cet ouvrage parue dans la Revue de l'enseignement primaire et primaire supérieur du 9 juin 1912 précise que l'ouvrage est disponible à "la librairie Art et Science" au 28 rue Affre. En fait de librairie, il doit certainement s'agir du logement de Bessède, les deux locaux commerciaux existant au rez-de-chaussée de l'immeuble étant alors occupés par des commerces de bouche.

 

G.M. Bessède, anarchiste et chaste

Extrait de la Revue de l'enseignement primaire et primaire supérieur, édition du 9  juin 1912

 

G.M. Bessède publia également une autre version de cet ouvrage sous le titre Ce que personne ne doit ignorer ; l'initiation sexuelle, ainsi qu'un autre livre intitulé Ce qu'il faut savoir ; Pour vivre à deux en 1916.

 

G.M. Bessède, anarchiste et chaste

Extrait du journal Le Rire, édition du 4 mars 1916

 

Faites l'amour, pas la guerre

On ne sait pas à quel titre Bessède écrit ses ouvrages ni quelles sont ses compétences en matière de connaissance de la sexualité. Par contre, il s'avère que G.M. Bessède a des activités et des opinions politiques connues et que le pouvoir politique de l'époque réprouve fortement, il est anarchiste et militant antimilitariste. Cette activité qu'il mène sous le pseudo de Sylvaire lui vaudra d'être arrêté et son appartement du 28 rue Affre perquisitionné le 27 mai 1913 lors d'une grande opération nationale de police contre les organisations et les activistes prônant la désertion militaire. Les tenants de l'antimilitarisme sont alors considérés comme internationalistes et donc un danger pour la cohérence et la force de la Nation.

 

G.M. Bessède, anarchiste et chaste

Extrait du journal Le Matin, édition du 27 mai 1913

 

Bessède écrit également dans le journal anarchiste Le Libertaire, mais seulement pour parler d'anarchisme pas de sexualité, et à ce titre il donne régulièrement des conférences à Paris et dans sa région. Ainsi, il fait une intervention intitulée "Fédéralisme révolutionnaire" le 19 novembre 1910 à Aubervilliers ; ou encore il intervient le 1er juillet 1911 à Pontoise (salle Frentz) avec comme thématique "Le fonctionnement du communisme libertaire modernisé".

 

Librairie sociale 

"Maison du Libertaire", 9 rue Louis Blanc (Paris 10e), 1923

 

Le militantisme de Bessède/Sylvaire n'est pas dépaysé dans le quartier de la Goutte d'or. En effet, ce quartier ouvrier a une tradition syndicale et militante très ancrée et il n'est donc pas étonnant d'y trouver un activiste anarchiste. Ce qui est plus inhabituel est que ce militant soit doublé d'un prosateur "sexologue".

 

 

 

 

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J
<br /> BESSEDE, Gédéon, Moise « SILVAIRE » et « SYLVAIRE »<br /> <br />  <br /> Né 18 février 1878 à Sommières (Gard) - mort en mai 1917 - Publiciste - FRC - Paris 18<br /> <br /> Marié, pére de deux enfants, Gédéon Bessede habitait 73 rue Championnet, à Paris 18è. Secrétaire de rédaction avant guerre du Libertaire, où il signait Sylvaire, il était l’auteur de la brochure "L’initiation sexuelle : entretiens avec nos enfants", (Paris, 1911, 192 p.).<br /> Au printemps 1910 il avait tenté de fonder avec G. Durupt une alliance communiste anarchiste : à l’occasion des élections législatives du printemps 1910,Durupt avait participé à l’action d’un Comité antiparlementaire qui à l’issue de la campagne, donna naissance à une « Alliance communiste-anarchiste » dont le but était ainsi défini : « ... une agitation publique alimentée par les circonstances et trouvant, dans chacune de ces circonstances, l’intensité et l’ampleur de sa propre action  » (appel de Durupt dans le Libertaire, 22 mai 1910) ; il avait également participé en mai, aux cotés de Cachet, Grandjouan, Matha, Dolié et H. Combes, à la fondation de la Fédération libertaire de l’Est parisien. puis en novembre suivant à la fondation de la Fédération révolutionnaire communiste (FRC) puis Fédération communiste anarchiste (FCA). Il fut également membre à cette époque du Comité de l’Entraide dont Lacourte était le trésorier.<br /> Fin juin 1911 il fit partie avec P. Monatte, E. Murmain, P. Martin, Lentz, Guichard et Cuisse d’un jury d’honneur réunit par la FRC pour statuer sur le cas de Dudragne et Bled accusés d’être des mouchards et sur des faits reprochés à Cagnoli, Boulanger et Kilbatchiche.<br /> A l’été 1913 il se montrait très critique envers Butaud et les propositions du Groupe des mille communistes de constituer un milieu libre à Paris.<br /> Il n’avait pas été mobilisé en 1914, et en février 1916 résidait à Nice. Le journal de Sénastien Faure Ce Qu’il Faut Dire a annoncé sa mort en mai 1917.<br /> <br /> <br /> Sources : AN F 7/13053 — CQFD,n°62, 2 juin 1917 — Libertaire, 22-29 juillet 1921 In "Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier..., op. cit. // APpo BA 1514// Le Libertaire, 22 mai 1910 // Arc. Nat. F7/13055 //<br /> https://militants-anarchistes.info/spip.php?article2549<br />
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