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    Complètement aveugle depuis vingt ans et demeurant au 28 rue Affre, une certaine madame Vanse aurait recouvré la vue grâce "aux remèdes végétaux du savant oculiste américain, rue Pertinax, 14, à Nice". Tout du moins, c'est ce qu'affirme cette réclame trouvée dans l'édition du 2 avril 1909 du journal Littoral.

     

    Miracle de la science au 28 rue Affre !

     

    Mais aucune trace de cette madame Vanse miraculée dans l'immeuble, rien ne vient attester son existence dans les archives. L'exemple incarné est pourtant sensé valider la réalité des bienfaits des "remèdes végétaux" du mystérieux "savant oculiste américain" par son authenticité.

    Pourtant, madame Vanse pouvait se targuer d'avoir été "reconnue incurable par un certificat délivré par le Médecin en Chef de l'Hospice National des Quinze-Vingt", enfin, toujours selon la publicité.

    Elle avait sans doute échappé aux remèdes que l'on pouvait trouver sur le même trottoir, au 24 de la rue Affre, quelques années auparavant. En effet, le sieur Moreau, herboriste à cette adresse, s'est vu condamné le 19 décembre 1873 (trente six ans avant le "miracle Vanse"), à 500 francs d'amende et 100 francs de dommages et intérêts pour exercice illégal de la pharmacie. N'est pas "savant américain" qui veut !

     

    Miracle de la "science" au 28 rue Affre !

    Extrait de l'Union pharmaceutique

     

     (à suivre...)

     

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  • ÉMILE ALBOUZE (1845-1896) - Période attestée de présence dans l'immeuble du 28 rue Affre : du 19/09/1879 au 11/04/1885

     

    Un auvergnat à Paris

    Originaire d'Auvergne, sa famille suit la trajectoire de nombreux auvergnats "montés" à Paris. Il et né le 13 juin 1845 à Paris, dans le troisième arrondissement. Prénommé Étienne Antoine Émile, il se fait appeler Émile. Sa famille est originaire de l'Aveyron et il est l'ainé de sa fratrie, il a pour frère Jean Théodore (1852-?). Son père, François (1816-1892), est "propriétaire-cultivateur" à Alpuech dans l'Aveyron. Il est veuf de Geneviève Vaylet(1826-1863), la mère d'Émile, et est remarié (26-04-1865) à Catherine Bouldoires de vingt ans sa cadette. Puisqu'Émile et son frère Jean Théodore sont nés à Paris, on peut supposer que François Albouze et sa femme ont habité Paris et sont retournés vivre dans leur village natal, où sa femme décéda.

     

    Émile Albouze acte naissance

    Acte de naissance d'Émile Albouze 

                                 

    Émile Albouze a épousé Marie-Thérèze Albouze le mardi 12 mai 1874 à la mairie du 18e arrondissement, place Jules Joffrin. Il se sépareront six ans plus tard (Jugement du 4 mars 1880). Sans doute de la même famille qu'Émile (l'endogamie aveyronnaise se poursuit à Paris), Marie-Thérèze Albouze est née le 29 septembre 1846 à Alpuech, elle est aussi la fille de "propriétaires cultivateurs" : Pierre Albouze (1796-1870) et Élisabeth Gaillac (1803-1878), veuve au moment du mariage de sa fille. Il n'est pas rare à cette époque de faire "monter" sa femme de sa province, une fois  établi à Paris. Mais ce n'est pas le cas d'Émile, né à Paris et dont la future femme habite déjà Paris (au 30 rue Doudeauville ; adresse supprimée lors du percement de la prolongation de la rue Stephenson entre la rue Doudeauville et la rue Ordenner).

     

    Signature d'Émile Albouze sur son acte de mariage

    Signature d'Émile Albouze sur son acte de mariage

     

    Si le père d'Émile et la mère de Marie-Thérèze habitent en Aveyron (ils ne font pas le déplacement à Paris pour le mariage d'Émile et Marie-Thérèze), les époux Albouze ne sont pas sans famille à Paris. Émile a un frère, Jean Théodore (1852-?) qui demeure aussi au 28 rue Affre, il a au moins deux cousins à Paris, Jean (1820-?) qui demeure 4 rue Cauchois vers la place Blanche (avec qui Émile habite jusqu'à son mariage) dans le 18e arrondissement et un autre Jean (1833-?) qui habite au 77 rue Taitbout dans le 9e arrondissement. Il a aussi un neveu, Pierre (1870-?) qui réside au 69 rue la Fayette dans le 9e arrondissement. Marie Thérèse a au moins deux frères qui habitent à Paris : Jean-Baptiste (1829-1882) avec qui elle habite jusqu'à son mariage au 30 de la rue Doudeauville et François (?-?) qui demeure au 2 passage d’Angoulême (voie du 11e arrondissement aujourd'hui disparue).

    Les Albouze, famille de paysans exilés vers un centre urbain est représentative de l'exode rural qui s’amorce au XIXe siècle et qui constitue une grande partie de la population qui s'installe à la Goutte d'or dès les années 1830-40.

     

    Émile Albouze

    Place du village d'Alpuech en 1915, berceau de la famille Albouze

     

    Une vie qui finit à la rue

     En 1874, au moment de son mariage, à 28 ans, Émile Albouze exerce le métier de porteur d'eau, tandis que sa femme, Marie-Thérèze est cuisinière. Mais Émile, dans la tradition auvergnate naissante, ambitionne sans doute de tenir un commerce de vins et charbon. Sa famille s’inscrit également dans ce mouvement. Son cousin Jean de la rue Cauchois est marchand de vins, son cousin Jean de la rue Taitbout est marchand de charbon, son beau-frère Jean-Baptiste est marchand de vins rue Doudeauville et son neveu Pierre sera marchand de vins rue la Fayette.

    Émile va acquérir un fond de commerce de "charbons-vins" au 28 rue Affre le vendredi 19 septembre 1879, sans doute un des deux locaux commerciaux au pied de l'immeuble. Il achète ce fond à un dénommé... Albouze ! Il s'agit de son frère Jean, qui désormais devient rentier. L'affaire est conclue chez un certain monsieur Delaporte au 76 de la rue Myrha (notaire ?). Le voilà donc marchand de vins et charbon. Mais l'affaire va être de courte durée. Suite à sa séparation temporaire avec Marie-Thérèze (le 4 mars 1880), Émile Albouze fait faillite le 27 avril 1880. En moins de sept mois, il va successivement acheter un fond de "vins et charbons", se séparer de sa femme "en biens" et mettre en faillite son commerce du 28 rue Affre.

    Émile Albouze et sa femme ont eu une une fille le 11 avril 1885, mais celle-ci est un enfant mort né. Pas de trace d'autres enfant dans le couple Albouze-Albouze.

     Il habita ensuite avec son épouse, Marie-Thérèze,  au 12 de la rue de Clignacourt. Cette dernière décède à leur domicile le 28 juin 1895.  Il achève son existence sans profession déclarée, habitant au 6 de la rue Nicolet (18e arrondissement).

    Émile Albouze trouve la mort à l'âge de cinquante et un ans, le 17 août 1896 à deux heures du matin, devant le 92 boulevard Magenta dans le 10e arrondissement. Sans doute à cause du lieu de sa mort (problème d'identification ?), son acte de décès n'est été rédigé que le lendemain de son  trépas. C'est son neveu, Pierre Albouze qui déclarera sa mort. Nous n'avons pas de précisions sur les causes de cette mort inhabituelle en pleine rue.

     

    Émile Albouze

     

     

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