• Devantures

    Au pied de l'immeuble du 28 rue Affre se situent deux locaux commerciaux. Celui à droite de la porte d'entrée, un ancien café, est actuellement inoccupé ; celui à gauche est occupé par un atelier de couture.

    Le local vide, qui a été "visité" nuitamment la semaine dernière, présente une façade nue peinte en marron et fermée par une grille. L'atelier de couture a une devanture très sobre avec des menuiseries en aluminium. Tous deux ont perdu leurs décors d'origine, seule une trace d'une ancienne devanture en bois subsiste en haut à gauche de l'atelier de couture ainsi que le bandeau supérieur qui souligne les fenêtres du premier étage.

     

     

    Boutiques actuelles au 28 rue Affre (mai 2013)

     

     (Cliquer sur les images pour agrandir)

     

    Faute de description ou de documents iconographiques, on ne peut qu'imaginer à quoi ressemblaient ces devantures. Pour se faire, on peut s'aider des autres commerces alentours, mais la plupart de ces derniers ont eux aussi perdu leurs décors d'origine et cela pour plusieurs raisons.

    La première raison de cette disparition est le changement d'activité du local. Il faut rappeler que le développement des grandes surfaces commerciales à partir des années 1960 et l'évolution du confort des logements ont participé à la disparition de nombreux commerces de détails ainsi que de bon nombre de restaurants et débits de boissons. 

    C'est le cas du café qui existait à coté du 28 rue Affre, à l'angle formé par l'immeuble du 24-26 rue Affre/8 rue Cavé. Comme on peut le voir sur les clichés ci-dessous, le marchand de vins Barthélemy figuré sur la carte postale a vu ses ouvertures réduites et a laissé place à un logement.

     

     

    Angle des rues Affre et Cavé, 1910 env. (à gauche) et 2013 (à droite)

     

    Autre cas de figure, le changement d'activité et les réfections d'immeuble, ce qui est certainement le cas du 28 rue Affre. L'exemple du local situé au pied de l'immeuble d'angle sis au 14 rue Affre/rue Saint Bruno (photos ci-dessous) est particulièrement parlant. La différence d'apparence est très marquée entre le marchand de vins "À l'ami Henri" vers 1905 et l'actuel local de stockage d'une société de vente de produits alimentaires en gros. Non seulement l'habillage en bois de la devanture du café a totalement disparu, mais certaines fenêtres de l'immeuble ont été murées, les moulures d'encadrement de fenêtre et les persiennes ont été supprimés et les gardes-corps remplacés. Au final, il est bien difficile de reconnaître le même immeuble à un siècle d'écart. 

     

     

    Angle des rues Affre et Saint Bruno, 1905 env. (à gauche) et 2013 (à droite)

     

    Dernier cas, les changements de mode et les défauts d'entretien comme le commerce qui se situe au pied de l'immeuble d'angle du 21 rue Affre/9 rue Myrha. Cette ancienne boucherie est devenue aujourd'hui un restaurant sénégalais. En comparant les séries de clichés ci-dessous, nous pouvons distinguer sur une carte postale du début du XXe siècle un premier décor surmonté d'une frise en métal repoussé. En dessous, une photo prise en 1980 d'une devanture verte plutôt élégante, en  la regardant plus en détails, on remarque qu'il ne s'agit pas du même décor que la précédente et que l'ensemble n'est pas dans un très bon état de conservation. Sur les photos de droite, on voit l'état actuel de ce local commercial qui a pour unique décor les coffrages qui renferment les volets métalliques de protection, l'ensemble venant de recevoir un coup de peinture de rafraichissement.

     

     rue Myrha

    Angle des rues Affre et Myrha, 1900 env. (à gauche) et 2013 (à droite)

     

     angle Affre/Myrha

    Angle des rues Affre et Myrha, 1980 (à gauche) et 2013 (à droite)

     

    Mais en y regardant de plus près, du coté de la rue Myrha, on peut voir un dernier vestige de la frise de carrelage qui encadrait précédemment la porte et les vitrines, englué sous une multitude de couches de peinture.

     

    Frise

    Détail du décor restant au 21 rue Affre (avril 2013)

     

    Ces quelques exemples sont assez représentatifs de l'état actuel de nombreuses devantures de commerce dans le quartier, bien que l'état général des commerces du quartier tend à s'améliorer ces dernières années. Cependant, il faut noter qu'il subsiste plusieurs devantures anciennes, certaines ayant pu bénéficier de réfections heureuses tandis que d'autres semblent plus en sursis. La fragilité de ces devantures en bois fait qu'elles sont peu nombreuses à traverser le temps ; et finalement, la Goutte d'Or, quartier longtemps ignoré des pouvoirs publiques et des promoteurs, compte un nombre non négligeable de ces marques du passé. Reste à connaître leur devenir.

     

    Devantures

    11 rue d'Oran, mai 2013 (addendum 2017 : devanture disparue depuis)

     

     

    Devantures

    Miroiterie Rigal Albertolli, 15 rue Cavé, mai 2013 (addendum 2017 : l'entreprise a fermé depuis, mais la devanture est conservée)

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Live Good
    Vendredi 5 Juillet 2013 à 19:12

    J'apprécie votre blog.Les textes se lisent très bien et regorge de détails intéressants. Moi-même je viens de lancer un blog (aupetitcourgain.canalblog.com) sur mon quartier. Je prévois de le faire évoluer, de lui donner un côté plus historique, en m'intéressant à son patrimoine (rue et bâtiments etc.). Slts.

    2
    JRB Profil de JRB
    Samedi 13 Juillet 2013 à 21:38

    Merci pour vos compliments. À mon tour de vous encourager pour votre blog plein d'intérêt.

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    3
    Dimanche 6 Octobre 2013 à 16:29

    Ce qui saute aux yeux au coin des rues Affre et Saint-Bruno, au moins aux miens, à un siècle de distance, c'est le désert qui règne dans la rue par rapport à l'animation de la première photo, devant chez Henri. Certes, on se précipitait à l'époque pour être sur la photo et souvent sur la carte postale, mais malgré cela, que de vide ! 

    Idem pour les deux vues suivantes. 

    Pas de commerces, pas de clients, des rues désertes...

    4
    Mercredi 23 Octobre 2013 à 22:09

    Les grandes surfaces ont vidé les quartiers de leurs commerces, mais les ateliers (souvent en fond de cour) ont disparu également, ce qui renforce l'effet de vide quand ont compare les clichés. Mais il faut aussi tenir compte du rapport à la photo qui a changé. À la fin du XIXe et au début du XXe les photos sont rares et une prise de vue est un véritable évènement où tout le monde se presse, aujourd'hui les gens ont tendance à fuir les objectifs. Il y a aussi la forte présence de l'automobile qui enlève beaucoup d'espaces aux piétons. Mais rien ne remplacera le commerce de proximité pour animer nos rues et quartiers.

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